Patricia Damiano: Chacal de nuit
Versión de Samuel Chagalov

17 de abril de 2011






Je te regarderai
Tu sais ce que veut dire
sortir sur le balcon sous un ciel qui m'abandonne
Il nous abandonne tous
Nous avons perdu

Un bleu si pervers
Viscères noués solide
chagrin
et prison
L'azur déséquilibré menace ma tour

Suspendues à mon insomnie
la farce incommensurable
et l'attaque qui a su se faire cruelle

Ce n'est pas la nuit
celle qui m'abrite
C'est le crayon qui m'écrit
et les chemins poudreux dessinés par la solitude
aux Chiapas
à Séville
à Constantinople
C'est le fou obscur sur l'échiquier ignorant son destin
et sauvant la partie

Donne-moi la clef
Sois la clef
Je prononce la formule et les noms me sont rendus
les noms que j'avais oubliés
et l'échiquier de marbre marqué de mon pas à jamais

Pleure mon arbre
il est stérile
Je renonce

Je me renouvelle
Épée de bronze
Je meurs

Je renais
Puebla de los Ángeles
San Cristóbal de mon enfance
Couleur muscade

Une chambre percée d'une petite fenêtre où l'aigle insiste
Empreintes de sang sur le mur du non-oubli
Blessures rouges inscrites dans chaque brique du mur
Et je suis ce mur

Tu sais ce que veut dire
une larme sur le bout de mon doigt
Une ruse
un piège
le solstice d'été alors que nous n'aimons pas l'été

Meurs
je te regarderai
Voilà ma façon de pactiser


Samuel Chagalov [*]






Sabes qué significa salir al balcón bajo un cielo que me abandona. Nos abandona a todos: hemos perdido. Un azul tan perverso, tan víscera solidez pesadumbre cárcel, tan desequilibrado pesa sobre mi torre. Cuelgan del insomnio la innúmera farsa y la embestida que sabía cruel. No es la noche la que me abriga, es el lápiz que me escribe, las calles polvorientas que la soledad dicta en Chiapas, en Sevilla, en Constantinopla. Es un alfil que ignora su destino y salva la partida, oscuro. Dame la clave, sé la clave. La clave pronuncio y me devuelve los nombres, los que he olvidado y el tablero de mármol que mi pie ha marcado para siempre.

Llueve mi árbol. No tiene fruto.

Desisto.

Me renuevo.

Muero, espada de bronce.
Renazco, Puebla de los Ángeles. San Cristóbal en la infancia. Color de nuez.

Un cuarto con una ventana pequeña donde el águila insiste; las huellas de la sangre en la pared del no-olvido. Hay una herida roja en cada ladrillo, y yo soy ese muro.

Sabes qué significa una lágrima en mi yema. Un ardid, una trampa. El solsticio de verano cuando ya no amamos el verano. 


Muere, estaré viéndote. Es mi modo de pactar.







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